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Quand le papier fait grise mine

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Depuis l’automne, les professionnels de l’édition tirent la sonnette d’alarme face aux risques de pénurie de papiers graphiques. On fait le point.

Le prix de la pâte à papier a flambé. D’après Copacel (syndicat professionnel des entreprises françaises productrices de pâtes, papiers et cartons), « sur huit mois, les prix pour les fibres vierges se sont enchéris de 44% pour la pâte de résineux et de 47% pour la pâte de feuillus ». Mais d’où vient cette crise ?

Chute de la consommation avant la crise

Notons que dans toute l’Europe, la production de papier graphique (presse et édition) était déjà en recul de 4 à 5 % par an depuis le milieu des années 2000. Cela se traduit par une baisse de 50% de la consommation de papier tous secteurs confondus ces 15 dernières années. L’usage généralisé du numérique, la baisse du lectorat des journaux et de la publicité papier, l’augmentation du télétravail ont réduit la demande. Des usines ont déjà fermé à l’époque.

Une crise conjoncturelle et structurelle

En 2020, la crise sanitaire est venue en rajouter une couche. Avec les restrictions sanitaires que nous connaissons, les usines papetières ont tourné au ralenti, certaines ont fermé quelques semaines, voire fermé tout court, moins d’arbres ont été coupés, la production a chuté, certains ont fait des stocks de papier toilette pour l’année (cet argument est certes hasardeux mais amusant)…

Au sortir du confinement, la reprise économique a relancé la demande, les salariés sont revenus au bureau, la publicité dans les quotidiens a augmenté… Mais le marché n’a pas assez anticipé ce regain d’activité et la capacité de production ne suit plus. Pour ne rien arranger, le fret maritime est perturbé par la crise sanitaire, ralentissant la livraison. Sans parler de l’explosion des coûts de l’énergie. En bref, l’équation est complexe et les prix de la pâte grimpent !

Plus pour le carton, moins pour le papier

Et puis, il y a la concurrence des usages. En 2020, les papiers graphiques ne représentaient plus que 18% de la production de papiers et cartons, contre 64% pour l’emballage. Durant la crise sanitaire, des imprimeurs se sont réorientés vers le carton pour répondre à l’engouement pour le e-commerce et pour les emballages recyclables des produits alimentaires. Mais plus de pulpe pour les cartons, c’est moins de pulpe pour l’édition et le risque de pénurie inquiète le secteur. Cela dit, Copacel témoigne de délais de livraison très ralentis plutôt que de pénuries complètes de papiers graphiques. Le marché a besoin de temps pour se restructurer. Espérons un retour à la normale courant 2022.

production papier

Crédits :

Copacel/INSEE – rapport statistique 2020
AFP